Pourquoi Dragon des Alpes?
Le nom Dragon des Alpes sâinscrit dans le prolongement dâune histoire qui dĂ©marre en 1723, quand un savant suisse du nom de Johann Jakob Scheuchzer publie le rĂ©cit de ses voyages Ă travers les rĂ©gions alpines de la Suisse.
Cet ouvrage, publié en latin, raconte ses excursions entreprises au début du 18Úme siÚcle dans nos contrées.
Crédit image : Research Library, The Getty Research Institute


Dragonologie
A cette Ă©poque, la âdragonologieâ est en plein boom. Les cabinets de curiositĂ© donnent Ă voir dents, morceaux de squelette, pierres supposĂ©ment rĂ©gurgitĂ©es par la bĂȘte.
Câest alors que plusieurs personnalitĂ©s « dignes de confiance » – pasteurs, mĂ©decins – tĂ©moignent auprĂšs de Scheuchzer s’ĂȘtre retrouvĂ©s nez Ă nez avec un dragon lors de leurs pĂ©riples alpestres.
Image : Frontispice de Musei Wormiani Historia (1655)
Des témoins Alpins
A Lucerne, câest un dragon volant qui se prĂ©senta devant Christoph Schorer, un fonctionnaire reprĂ©sentant le seigneur local.
« Une nuit de lâannĂ©e 1649, je vis un dragon brillant qui sortait dâune immense caverne sur le flanc de cette montagne quâon appelle le Pilate. Il volait Ă coups dâailes rapides. Il avait une forme extrĂȘ- mement allongĂ©e, avec une longue queue, un cou tendu et une tĂȘte qui se terminait comme une mĂąchoire de serpent munie de dents de scie. Il jetait des Ă©tincelles. »

En Appenzell, câest un âhorrible dragonâ qui terrorisa le pauvre Johannes Egerter, honnĂȘte septuagĂ©naire du village de Lienz.
« Johannes Egerter […] se rendit sur lâalpe de Commoor, non loin de lâarrondissement de Sax. Au lieu-dit le Wellerscher Gang, il tomba sur un horrible dragon qui se tenait sous un rocher. Il avait une tĂȘte monstrueuse et une langue bifide quâil dardait hors de sa gueule. Il Ă©tait noir, avec des raies tirant sur le jaune, le dos noueux de la tĂȘte Ă la queue, et son ventre paraissait de couleur jaune et or. »

Mont Pilate. Grisons. Lucerne deux fois (un dragon et une hydre!). Scheuchzer relate des rencontres dans toute la Suisse. Comme le conclu lâauteur aprĂšs avoir Ă©numĂ©rĂ© son bestiaire fantastique:
« Il est Ă©vident que [les dragons] ne possĂšdent pas tous la mĂȘme apparence. Car si certains sont Ă lâĂ©vidence ailĂ©s, dâautres, semblables aux reptiles ou aux vers, nâont pas de pieds, alors que dâautres encore en ont et peuvent Ă bon droit ĂȘtre comparĂ©s aux lĂ©zards. Et de mĂȘme ils diffĂ©rent les uns des autres en ce qui concerne la couleur, les Ă©cailles, ou la forme des parties du corps.»


WonderAlp
Ces histoires sont arrivĂ©es jusquâĂ nous grĂące au travail de Claude Reichler, chercheur, Ă©crivain et professeur honoraire Ă lâUniversitĂ© de Lausanne, grand spĂ©cialiste des Alpes.
Il a notamment dressĂ© la carte ci-contre, visible sur le site Wonderalp quâil conçoit en 2016 avec la contribution de Laurent Bolli.
Ăcouter le tĂ©moignage sur le dragon de Lucerne
Jusqu’Ă ce jour de l’an 2023…
Et comment cette histoire se relie-t-elle Ă un champagne du 21e siĂšcle ?
Laurent Bolli, lâĂąme crĂ©ative du projet, Ă©tait en train de dĂ©guster un de nos âprototypesâ qu’il avait pris le soin dâemmener en haut des cimes en plein mois de janvier, afin que la bouteille puisse se refroidir au contact de la neige. Voyant le flacon ainsi lovĂ© dans un doux manteau blanc, le cirque alpin lui faisant face, il sâexclama : âun grand cru de Champagne ici, câest aussi rare qu’un dragon des Alpesâ.
